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samedi 25 décembre 2010

Les cténophores ou cténaires.

"Les cténophores sont parmi les plus élégantes et gracieuses créatures de la mer, et les observer dans leur habitat naturel est une expérience mémorable" Voici comment Brusca et Brusca dans leur livre "Invertebrates", un gros bouquin sérieux et dont la ligne de conduite est la neutralité du scientifique concluent leur introduction sur les cténophores. Autant dire que ce sont parmi les plus beaux animaux... En concurrence avec les nudibranches (en les annélides..)! Les cténophores (aussi appelés cténaires) font penser à des OVNI (ou OMNI: Objets Mous Non Identifiés), parcourus de lumières multicolores et à la forme étrange, ces habitants des mers rappellent, pour certains superficiellement les méduses. Ils ont été placés avec les cnidaires dans le groupe des coelentérés ("intestin creux", oui la pertinence de ce nom est discutable). Cependant au final, à part l'aspect gélatineux il ne semble pas y avoir d'arguments morphologiques pour les classer ensemble. En fait, leur position relative aux bilateriens, spongiaires et cnidaires dans la classification est inconnue et à peu près tout a été proposé. Les cténaires se déplacent avec une immense grâce (dans la classification comme dans les mers) et sont des animaux d'une incroyable délicatesse, il suffit de toucher certains pour les déchirer. Autant dire que maintenant que j'ai vu des chétognathes, mon rêve est de voir des cténophores nager... La diversité de leur forme est elle aussi incroyable.

Cténophore signifie "porteur de peigne" de cteno=peigne et phore=porter. En effet, ces délicats organismes portent fondamentalement huit rangées de cils arrangées en peignes ou "ctènes" qui battent de manière périodique donnant une impression de vaguelette sur cette rangée. Mais outre ce gracieux mouvement de cils le plus émouvant est l'effet produit. Ces myriades de cils reflètent une couleur qui varie en fonction de l'angle du peigne. Cela donne donc l'impression que des bande de couleurs différentes parcourent l'animal. Aucun doute là dessus, nos amis les cténaires ont un sacré sens de l'esthétisme! Les cténophores pour la plupart portent aussi deux bras ou tentacules qu'ils peuvent rétracter dans des "gaines tentaculaires".

Mais ne vous fiez pas à leur envoutante beauté, les ctenophores sont des prédateurs et certains ressemblent même à une bouche géante garnie de deux grosses lèvres (C'est pas pour faire des bisous, mais j'aimerais bien!) comme les Beröe. Si les cnidaires ont leur cellule vedette le cnidoblaste, les cténaires ont aussi la leur: le colloblaste. Répartis sur les tentacules (si il y a des tentacules), les proies vont se retrouver collées à la sécrétion collante de la cellule puis la proie va être menée à la bouche. Comme les cnidaires ou les échinodermes, les cténophores n'ont pas à proprement parler d'avant et d'arrière mais un axe oro-aboral c'est à dire de la bouche (face orale) jusqu'au coté opposé à la bouche (face aborale). Les cténaire n'ont pas d'anus mais certains ont deux pores anales sur la face aborale.

La plupart des cténophores sont hermaphrodites. la reproduction est dans la plupart des cas sexuée mais il existe des cas de reproduction asexuée. Certains cténophores retiennent les œufs et les embryons jusqu'à ce qu'ils atteignent le stade larvaire appelé "Cydippide". Tous les cténophores passent par ce stade... ... ... ... ... ... Ouais, pas tous, vous deviez le sentir venir... Les Beroida jouent les rebelles. La larve Cydippide ressemble grosso modo à un cténophore miniature avec la plupart des structures déjà en place... Ça doit être trop meûgnon!

En parlant de la face aborale, les cténophores y portent l'organe apical (apical voulant dire "au bout", "à l'extrémité"). Cet organe porte un statocyste ou organe d'équilibration. Il y a une "boule" calcaire ou statolithe qui va se déplacer selon l'angle de l'animal. Quatre balanciers constitués de cils sont reliés à cette boule. Lorsque la boule se déplace, le balancier est excité ("Alerte! Alerte! on penche! redressez le vaisseau!"). Chaque balancier étant relié à deux rangées de peignes, quand le statolithe penche, les peignes répondent instantanément et notre magnifique OMNI se redresse.

Ces animaux en plus d'une morphologie étrange et particulière ont en plus une grande diversité morphologique:

-Les cténaires du genre Pleurobrachia de forme sphérique, on les considère parfois comme des cténophores types (allez savoir ce que ça signifie, mais disons que ça veut dire qu'ils représentent, sans ambigüité, les caractéristiques partagées des cténophores). Ils nagent gracieusement avec leurs rangées de peignes tout en trainant leurs deux longs tentacules, espérant attraper de la nourriture.

Les cténophores ou cténaires.

Un Pleurobrachia aux milles couleurs.

-Les cténaires du genre Beröe dont j'ai déjà parlé ont une forme de gros sac ovale et béant qui ingèrent goulûment leurs proies. cette fois ci les tentacules sont absents.

Les cténophores ou cténaires.

Un Beröe .

-Les cténaires de l'ordre Cestida en forme de (très beaucoup) gracieux ruban. Ces animaux à l'extrême délicatesse (plus délicat y'a pas, cherchez pas). Ces animaux sont en quelque sorte formés de deux grandes expansions. La bouche reste "en bas au milieu" (sur la face orale), ce qui est contre-intuitif (Je me suis longtemps demandé où était leur bouche). Ils peuvent dépasser le mètre.

Les cténophores ou cténaires.
Un Velamen.

-Les cténaires du genre Coeloplana. J'imagine à quel point les zoologistes ont du s'arracher les cheveux là dessus. En effet, ils ressemblent à s'y méprendre à des plathelminthes. Bon, pas de quoi fouetter un chat avec les tentacules, un peu d'anatomie et le mystère est levé. La forme reste cependant atypique! Mais certains zoologistes ont pensé que c'etait un stade intermédiaire entre les cténaires et les plathelminthes (c'est pas grave c'etait de vieux zoologistes, ils avaient le droit de parler de formes intermédiaires à cette époque)!

Les cténophores ou cténaires.
Deux coeloplana. Dur de penser à des cténophores non? Pourtant ces filaments que vous voyez ne sont rien d'autre que les tentacules!

Pour ceux qui ne seraient pas encore convaincus que les cténophores sont magnifiques (mais vous êtes fous!) voici une vidéo qui devrait vous convaincre: -->cliquez ici<--

Puis je n'arrive pas à résister à signaler que j'ai l'immense chance de faire mon stage de Master 2 sur la phylogénie des cténophores! Youhou! (Mon entrain pour d'une: la beauté des cténophores, de deux: mon stage explique probablement la longueur de cet article...


Les cténaires sont des:
-Métazoaires
-Eumétazoaires
-Cténaires

Les cténophores ou cténaires.
Une dernière image (il faut bien finir l'article avec une image) d'un cténaire de l'ordre des Lobata et du genre Ocyropsis.

9 commentaires:

  1. Excellent article, j'adore !

    Je suis également un grand fan des cténophores ! C'est trop beau !
    Petite question au passage, la diffraction de la lumière par les rangées de peignes se réalise-t-elle réellement dans la nature ?

    Bien souvent c'est le spot du plongeur qui éclaire de façon artificielle les rangées de peignes, non ? (En fait à quelle profondeur vivent les cténophores, là est la question !)

    Mais il me semble avoir lu qu'il existe également des cténophores bioluminescents... As-tu des exemples ? Et sont-ils suffisamment lumineux pour diffracter leur propre lumière (en mode Disco-Cteno-phore...) ??

    Excellent stage de M2 à toi ! (veinard !)

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  2. Je pense que la diffraction n'a pas de raison de ne pas se produire à la lumière du soleil donc ça doit aussi se faire dans la nature tant qu'il y a de la lumière. Les cténophores vivent à toutes les profondeurs, on en trouve à la surface comme dans les abysses. Par contre il me semble qu'ils sont relativement rares en milieux côtiers.

    Pour les cténophores bioluminescents c'est effectivement le cas mais je ne saurait pas te donner d'exemple... J'espère qu'une fois que mon stage aura commencé je pourrai t'en donner ^^

    Et merci, pour le stage je compte bien prendre mon pied ;)

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  3. Hello, Nicobola
    Merci d'être passé sur ma galère.
    En effet, ton article ici est très intéressant
    et très savant.
    De mon côté, je ne suis qu'une naturaliste autodidacte qui apprend toujours plus chaque jour. (Je tente la photo sous-marine depuis 4ans mais je plonge depuis 20 ans).
    Concernant mon animal que j'ai qualifié de Cténophore,http://siratus-alabaster.over-blog.com/article-voyage-plongee-siderant-avec-le-ctenophore-ctenaires-54621603.html, je ne trouve pas qu'il ressemble à une Doliole, mais je veux bien m'être trompée ;) Ma référence a été la fiche DORIS, indiquée dans le billet précédent (cf lien).
    Avec plaisir, je reviendrai bientôt par ici voir tes dossiers... et photos.
    Douce nuit

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  4. mdr
    Sorry
    J'aurais dû consulter ton profil avant de laisser un message, tu es un pro des Cténophores !
    Cependant... je maintiens que mon spécimen a plutôt une tête de Cténophore ;)

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    1. je vois, excluant le cténaire j'ai pensé à la doliole mais effectivement, les dolioles ont des bandes transversales musculaires qu'on ne voit pas ici. Cependant l'animal que tu as pris en photo ne semble vraiment pas être un cténaire : on ne discerne ni tentacules (bien qu'elles soient absentes chez les Beroe et réduites chez les lobés), ni rangées de peignes (absentes chez les platictenida rampant) mais surtout ton animal ne semble pas avoir la symétrie des cténaires (deux axes de symétrie perpendiculaires), ton animal semble bilatérien. Le lien sur lequel tu renvoies montre une image de lobé qui y ressemble superficiellement mais je suis quasiment sûr que ce n'en est pas un. Après avoir regardé sur internet à quoi referait "Cuvierina urceolaris", j'ai trouvé que ça pouvait être un mollusque. Je ne sais pas comment as tu trouvé ce nom et comment as tu fait cette détermination mais quand bien même ce ne serait pas cette espèce, ça ferait sens. Il existe en effet plusieurs mollusques gélatineux et planctoniques comme les Pterotrachea dont une des parties de l'animal sur ta photo rappelle un peu le "nez" des Pterotrachea. Pour cette structure en forme de squelette sur ton animal, je n'ai aucune idée de ce que ça pourrait être malheureusement...

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    2. Retombé sur ce commentaire plusieurs années après. Et étant curieux par rapport aux énigmes zoologiques, j'ai poussé un peu sur le web (relativement vite) et je suis tombé là dessus : https://www.google.fr/search?q=Thetys+vagina&rlz=1C1CHFX_frFR539FR539&espv=210&es_sm=122&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ei=qCWOUpjAA4HS0QWi4IGQBQ&ved=0CAkQ_AUoAQ&biw=1517&bih=665&dpr=0.9

      Ce n'est pas une doliole mais une salpe : Thetys vagina :)

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  5. Je sais mon TFE sur les ctenophores et la découverte de L.Moriz très récente, mais j'avoue être assez perdue.. qqun saurait m'aider et m'expliquer ?

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    1. Je peux essayer, contactez moi sur facebook: Nicolas Bekkouche si vous l'avez :)

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  6. salut je cherche le mode de reproduction axesuée chez scyphozoaire, spongiaires,plasmodium,paramecie, annelides

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